Pendant la période qu’elle passe à la capitale française, Mercè Rodoreda (1908-1983) s’initie dans une discipline plus liée aux images qu’aux mots. Tandis qu’elle traverse une crise matérielle et spirituelle, elle peint à la gouache, à l’aquarelle et pratique la technique du collage pour créer des œuvres que l’on date d’entre 1949 et 1957, dont quelques-unes sont aussi liées à sa période de Genève. Autour de cent cinquante de ces tableaux ont été conservées et témoignent de la façon dont elle se réfugie dans les créations des artistes du moment, comme Miró, Klee, De Sucre, Michaux, Picasso et Kandinsky, ainsi que dans l’art brut et l’art des enfants. De sa peinture, inspirée de souvenirs, de son quotidien à Paris et des visites aux galeries d’art et musées, naîtront les personnages et les voix littéraires les plus connus de l’autrice, parmi lesquelles la Colometa de La Place du Diamant (1971, traduction française), le jardinier ou les narrateurs de La mort et le printemps (1995, traduction française) et de Fleurs (2012, traduction française). Au printemps 1957, il été prévu qu’une partie de sa production picturale soit exposée dans une galerie de la place Vendôme, sala Mirador, ce qui finalement ne se produisit pas.
Mercè Ibarz (1954) est écrivaine, journaliste culturelle, essayiste et professeure-chercheuse, installée à Barcelone depuis 1971. De son travail divers en genres et disciplines, l’on souligne sa tâche de biographe de Mercè Rodoreda, à laquelle elle a consacré plusieurs livres (Mercè Rodoreda, 1991 ; Mercè Rodoreda. Un retrat, 1991 ; Rodoreda: Exili i desig, 2008), des articles de recherche et une exposition, intitulée L’altra Rodoreda: pintures & collages, autour de l’œuvre plastique de l’écrivaine barcelonaise.
Ibarz est elle-même auteure de nombreux romans (La terra retirada, 1993, prix Humbert Torres 1992 ; La palmera de blat, 1995, et No parlis de mi quan me’n vagi, 2010 ), de recueils de récits (A la ciutat en obres, 2002, prix Pedro Saputo des lettres aragonaises ; Febre de carrer, 2005, et Vine com estàs, 2013, prix de la critique Serra d’Or) et d’essais (L’amic de la finca roja, 2017, une collection d’essais sur plusieurs créateurs qui a été récompensée avec le prix de la critique Serra d’Or 2018). Deux de ses oeuvres ont été traduites en français : Le Saut de l'ombre (2005, traduction de La palmera de blat, par Annie Bats) et Dans la ville en chantiers (2004, traduction de A la ciutat en obres, par Marie-José Castaing). Elle est co-autrice de plusieurs livres qui ont les femmes et la littérature comme dénominateur commun : Dones soles: 14 contes (1995), Memòria de l’aigua: onze escriptores i el seu món (2000).
Sa tâche est aussi remarquable dans le domaine de l’étude des relations entre littérature et arts visuels : elle a été professeure d'arts visuels à l'Université Pompeu Fabra pendant 20 ans et fait actuellement de la critique culturelle et de la chronique d'art pour des journaux comme El País et Vilaweb.
Conférence de Mercè Ibarz « Rodoreda i la pintura, anys 50. Un pont creatiu cap a la novel·la ». Activité organisée par les lecteurs du Centre d’études catalanes, en partenariat avec l’Institut Ramon Llull.
Le vendredi 6 mars à 18h00
Bibliothèque du Centre d’études catalanes
9, rue Sainte-Croix de la Bretonneriem 75004 Paris
Entrée libre dans la limite des places disponibles
Inscription indispensable auprès du secrétariat avant le 28 février
01 42 77 65 69 / Lettres-EtudesCatalanes-Secretariat@sorbonne-universite.fr